L’armée israélienne utilise des cartes d’évacuation pour tromper l’opinion publique internationale
Le 2 décembre, le porte-parole en langue arabe de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a publié une carte de Gaza, divisée en une grille de blocs numérotés, avec des instructions demandant aux Palestiniens vivant dans certaines zones d’évacuer vers Rafah. Des tracts contenant un code QR renvoyant à la carte sur le site web de l’armée israélienne ont également été largués sur Gaza.
Cette initiative a été prise alors que des avions de chasse israéliens bombardaient le sud de la bande de Gaza – précédemment désigné comme une “zone sûre” – tuant des centaines de Palestiniens en 24 heures. L’armée israélienne a fièrement annoncé avoir touché “400 cibles”.
Pendant ce temps, des rapports médiatiques ont révélé que la capacité de l’armée israélienne à intensifier ce qu’elle appelle des frappes aériennes “précises” a été renforcée par un outil d’intelligence artificielle (IA) qui génère des “cibles”.
Les cartes, les tracts, les tweets, les revendications de technologie militaire “précise”, tout cela contribue au récit selon lequel “l’armée la plus morale d’Israël” prend soin de protéger les civils à Gaza. Mais tout cela n’est rien de plus qu’une manœuvre de propagande visant à dissimuler ce qui se passe réellement sur le terrain - un génocide assisté par l’IA.
Un jeu de cartes
Au cours des deux derniers mois de guerre brutale, Israël a constamment eu recours à l’utilisation de cartes d'”évacuation” et d’avertissements diffusés sur les réseaux sociaux, appelant les Palestiniens à fuir certaines zones de Gaza.
Pourtant, le nombre croissant de morts – près de 16 000 personnes et des milliers d’autres disparues et probablement mortes – ne prouve en rien que Israël se soucie réellement du bien-être des civils palestiniens.
Ce qui l’inquiète, ce sont les condamnations croissantes à l’étranger de ce que les experts juridiques appellent un génocide, ainsi que la pression croissante des États-Unis.
Il y a quelques jours à peine, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a averti Israël qu’il ne lui reste que quelques semaines, et non quelques mois, pour terminer sa campagne à Gaza. Son patron, le président Joe Biden, est parfaitement conscient du mécontentement croissant de l’opinion publique américaine quant à sa gestion de la guerre, ce qui pourrait lui coûter des voix lors de l’élection présidentielle de l’année prochaine.
Ce “message d’évacuation” entrepris par l’armée israélienne s’adresse davantage aux audiences occidentales, cherchant à apaiser leurs craintes quant au nombre de morts civils, qu’aux Palestiniens de Gaza. Le fait qu’il soit principalement diffusé sur les plateformes de médias sociaux indique que le public visé n’est pas celui de la bande de Gaza.
L’armée israélienne a non seulement coupé l’électricité à Gaza, mais a également ciblé et endommagé son réseau mobile déjà capricieux, laissant ainsi la plupart des habitants sans accès à internet.
Les tracts largués le week-end dernier ne valent pas mieux que le papier sur lequel ils ont été imprimés. Le code QR qui y figure n’est utile que s’il y a un téléphone fonctionnel avec une batterie chargée et un accès à internet.
Les divergences entre les différentes cartes partagées par les responsables israéliens ont également entraîné une confusion supplémentaire. Les zones marquées en orange ne correspondaient même pas aux numéros des blocs que les responsables demandaient aux gens d’évacuer.
Source: L’info en 3 secondes