Un étudiant survit à un bombardement israélien, sa douleur est immense.

Un étudiant survit à un bombardement israélien, sa douleur est immense.

Yehia ⁤Dahdouh, le fils du ⁤correspondant ‌d’Al ‍Jazeera, Wael Dahdouh, est connu ⁢de tous⁤ dans⁤ notre école de Fukhari, à Gaza. Il était dans ma classe de sciences de cinquième année à l’école des Sœurs du Rosaire à ⁣Tel el-Hawa. La première fois que j’ai appelé son nom pour l’appel, il ‍s’est ⁤levé promptement en disant : “Oui, madame”.‌ Je me souviens d’avoir⁣ été soulagée qu’il soit​ un enfant gentil qui rit beaucoup.

Il est ‌aussi un petit diable qui ne⁢ peut pas rester assis ‍en⁢ place et qui‍ attend impatiemment la récréation pour ​aller⁤ jouer dans la cour de récréation. Et il se déplace rapidement, si rapidement que⁣ je ne serais pas surprise‍ de le voir apparaître devant moi,‌ comme par magie, à⁣ tout ‌moment.

Maintenant, Yehia, qui n’a que 12 ans, est⁤ beaucoup plus lent, la tête bandée et le cœur lourd, et la dernière fois que ⁤je l’ai vu,‍ c’était dans une vidéo d’actualité jeudi ‍dernier, alors qu’il pleurait sur‌ les corps sans vie ⁣de sa​ mère, de son frère, de sa sœur et de son neveu. Puis il s’est levé maladroitement pour ⁤faire la prière funéraire pour eux, tout petit à côté de son père, faisant de⁤ son mieux pour accomplir les gestes malgré son coude bandé.

Mercredi, les⁢ forces israéliennes ont ⁢bombardé la région ‍de Nuseirat ​où ‌Yehia et sa famille s’étaient réfugiés à‍ Gaza. Yehia​ a survécu,​ mais​ sa douleur doit être immense.

Yehia et moi avons⁣ noué ⁣un lien, comme les enseignants le font avec les enfants de leur classe, ⁤et il me faisait rire.‍ Quand il ‌m’appelait “Madame !”, il le prononçait d’une manière qui faisait rire toute la⁣ classe ‍et à laquelle nous nous sommes⁣ habitués. Il est un⁤ peu spécial, ​j’adore l’entendre rire et plaisanter.⁢ Il avait un “surnom” pour moi,⁤ où⁢ il m’appelait par le nom de mon téléphone. J’ai ri et cela m’a rendue heureuse, car je sais​ que‌ quand un enfant aime quelqu’un ‍et n’a⁤ pas peur de lui, ⁣il peut être lui-même.

Son père Wael était très impliqué dans la scolarité de son fils et⁣ répondait toujours à mes appels et ​messages à propos de Yehia. ​Quand ​je ⁢lui ai dit que Yehia⁤ se comportait très bien mais qu’il pourrait⁤ être un peu⁢ plus calme, il a ⁣ri et⁢ a dit : “Yehia te fatigue ! Je​ lui ⁣parlerai et​ je ​viendrai te rendre visite à⁢ l’école.” Yehia‍ aime et respecte ⁣son père, et j’ai pu le constater après la visite de ‌Wael, par sa‍ tranquillité. Mais bien sûr, j’ai commencé à regretter de⁤ ne plus‌ l’entendre ⁢m’appeler “Madame” comme avant.

La cinquième​ année s’est terminée et imaginez ma surprise le premier jour de la nouvelle année scolaire lorsque je suis⁢ entrée dans ma classe de sixième année et que j’ai trouvé ​Yehia là, alors qu’il était censé être dans une autre classe.

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