Un diplomate américain senior a déclaré que la publicité de l’audience au Congrès des États-Unis et la demande du Congrès à l’Émirat arabe uni de prendre en compte «l’impact néfaste de leur soutien au RSF» pourraient être «très utiles» pour rendre compte de ceux qui alimentent le conflit.
Une semaine plus tôt, le gouvernement du Soudan avait à contrecœur poussé cette question à l’ouverture. Le 28 novembre, le général Yasser al-Atta, assistant d’al-Burhan, a accusé publiquement pour la première fois les Émirats arabes unis de soutenir le paramilitaire.
La réponse émiratie est venue peu de temps après. Alors que le sommet de l’IGAD se déroulait à Djibouti, les Émirats arabes unis ont déclaré trois diplomates soudanais personae non gratae. Le lendemain, le gouvernement soudanais a répondu de la même manière et a expulsé 15 diplomates émiratis.
Les Émirats arabes unis sont depuis longtemps accusés d’alimenter la guerre au Soudan. En septembre, le New York Times a révélé que sous couvert de sauver des réfugiés, les Émirats arabes unis mènent une élaborée opération secrète à travers le Tchad pour soutenir le RSF.
Grâce au généreux soutien financier et aux armements sophistiqués des Émirats arabes unis, des dizaines de milliers de nomades pauvres et sans terre de la diaspora arabe des pays du Sahel, en particulier du Tchad, du Niger et du Mali, se sont rendus au Darfour et à Khartoum pour la terre et le butin.
En raison de la ligne de vie des Émirats arabes unis, le RSF a pu utiliser des missiles anti-char Kornet, des véhicules blindés, des drones et des missiles sol-air au Darfour malgré l’embargo sur les armes imposé par l’ONU à cette région depuis 2004. L’ONU a enquêté sur cette affaire et des parties de son rapport ont été divulguées et rapportées par le NYT.
Il est un secret bien connu que les Émirats arabes unis sont en mission pour combattre l’islamisme dans toute la région et c’est pourquoi ils sont impliqués dans la guerre au Soudan. Cependant, ils ont une autre raison de soutenir le RSF contre le SAF.
En décembre 2022, deux entreprises émiraties, Abu Dhabi Ports Group et Invictus Investment, ont signé un accord préliminaire de 6 milliards de dollars avec le gouvernement soudanais pour construire le nouveau port d’Abu Amama sur la mer Rouge et créer une zone économique.
L’annonce de l’accord est intervenue peu de temps après que les dirigeants du RSF et du SAF aient paraphé l’«Accord-cadre» avec de petits partis politiques soutenus pour prendre le relais des militaires et former un gouvernement civil. L’accord-cadre a été négocié par les États-Unis, qui, avec les Émirats arabes unis, le Royaume-Uni et l’Arabie saoudite, ont formé le soi-disant «quartet». Des quatre, les Émirats arabes unis ont clairement bénéficié de cet arrangement.
Il est perçu que cette guerre a éclaté le 15 avril car le SAF a refusé de s’engager à respecter l’Accord-cadre comme étant contraignant. Par conséquent, il est reconnu que ce document était la première victime de la guerre. La deuxième victime, si elle est largement non reconnue, était l’accord de projet Abu Amama.
C’est parce que, après l’échec du RSF à prendre le pouvoir en quelques jours – comme l’a initialement annoncé Hemedti le 15 avril – les partis civils qui ont signé le cadre ne sont plus sur une trajectoire pour prendre le pouvoir. Compte tenu de l’escalade de la compétition géopolitique dans la route maritime stratégique de la mer Rouge, il est peu probable que l’accord de projet Abu Amama soit respecté à moins que le même groupe de politiciens liés au RSF ne prenne le pouvoir après la guerre.
Le soutien des Émirats arabes unis au RSF a eu un impact considérable sur le terrain. Grâce à ce soutien déterminé, l’avantage aérien et des chars du SAF a été largement érodé. En octobre et novembre, le RSF a pris le contrôle de plusieurs villes du Darfour, dont Nyala, la troisième métropole la plus peuplée du pays.
Néanmoins, lors de la dernière session des pourparlers de Jeddah, qui ont été suspendus le 4 décembre, le SAF a réitéré sa position selon laquelle avant qu’un cessez-le-feu ne soit conclu, le RSF devrait évacuer les maisons civiles à Khartoum.
Faisant référence aux récentes retraites des SAF des villes du Darfour, des diplomates européens se sont précipités pour attirer l’attention sur «l’écart flagrant entre la faiblesse de la position militaire du SAF et leur position négociatrice maximaliste hilarante». C’est tellement réducteur et simpliste. Faites une pause et imaginez une armée nationale acceptant un cessez-le-feu qui ne garantit pas aux citoyens forcément évacués un retour pacifique à leurs foyers.
En effet, c’est un engagement que les deux parties ont fait le 11 mai dans la «Déclaration de Jeddah». Ce document prévoit que les parties «doivent évacuer et s’abstenir d’occuper, ainsi que respecter et protéger tous les établissements publics et privés».
Les Émirats arabes unis ont réussi à faire pencher la balance sur le terrain en faveur du RSF. Pourtant, ils pourraient être interdits de récolter les fruits de leur travail à la table des négociations. Sinon, ce qu’ils ont fait invitera d’autres ingérences indésirables et aidera à prolonger la guerre.
Comme l’a écrit de Waal dans un éditorial publié par Foreign Policy après le sommet malheureux de l’IGAD: «L’indifférence bienveillante de Biden a amené le RSF au bord de la victoire. Maintenant, Washington a une chance de sauver le Soudan. »
La plupart de ceux qui se sont assis autour de la table des négociations de l’IGAD n’avaient pas la plus petite idée de ce que la victoire annoncée du RS