Au cœur de l’Ukraine, la ville d’Uzhhorod offre un refuge paisible loin des horreurs de la guerre. Contrairement aux autres capitales provinciales du pays, Uzhhorod n’a pas de couvre-feu et n’a pas encore été touchée par une seule bombe russe. Même pendant les premières semaines de l’invasion, les Ukrainiens fuyant les bombardements à Mariupol et Kharkiv se sont réfugiés ici, tandis que des entreprises de Kyiv ont déplacé leur siège à Uzhhorod. Les familles viennent ici pour échapper à la guerre, certains hommes profitant de l’occasion pour prendre des vacances. D’autres cherchent à l’éviter complètement en s’échappant vers l’Europe centrale, à travers les frontières voisines.
Elena, une enseignante, a fui Kherson avec son petit-fils Trofim pour échapper aux envahisseurs russes. Un ami d’enfance, qui s’était installé à Uzhhorod peu de temps avant la guerre, les a accueillis. Elena décrit leur fuite en juillet 2022 : “Nous étions terriblement tendus, nous avons quitté Kherson avec seulement deux sacs. Et puis nous avons vu cette ville. Tout était si calme et paisible ici. Les gens ralentissent pour les piétons et attendent patiemment leur monnaie à la caisse. Ils parlent même plus doucement que là d’où nous venons.” Elle observe sa nouvelle vie quotidienne comme une anthropologue sur le terrain. “Les gens ici vivent au paradis, mais ils ne s’en rendent même pas compte.” Bien que Kherson ait depuis été libérée, les attaques y sont encore fréquentes et sa maison a été détruite. Elle souhaite rester à Uzhhorod, car “où d’autre pourrais-je aller ? Et c’est si beau ici.”
La position d’Uzhhorod, derrière les montagnes des Carpates, à la frontière avec la Slovaquie, en fait le refuge idéal. Avant la guerre, la ville était déjà réputée pour ses pâtisseries, ses cafés et ses promenades. Son histoire mouvementée, passant successivement de l’Empire austro-hongrois à la Hongrie, puis à la Tchécoslovaquie, a forgé son identité. Elle a ensuite été occupée par les Hongrois, les Allemands et l’Armée rouge, subissant de nombreux drames. Aujourd’hui, Uzhhorod est un havre de paix, un contraste parfait avec le cauchemar actuel.
