Arrestation d’un cinéaste ouïghour à l’aéroport de Pékin
Le matin du 29 mai 2023, la police de Pékin a appelé Ikram Nurmehmet, un cinéaste ouïghour âgé de 31 ans, pour lui demander de sortir de chez lui afin de clarifier “des faits de l’affaire”. Nurmehmet, qui vit avec sa femme et son enfant dans une banlieue de la capitale chinoise, a été contraint de monter dans une voiture de police qui l’a conduit à l’aéroport. C’est à ce moment-là que sa femme a appris qu’il était accusé d’être un terroriste, sans en connaître les raisons.
Lorsqu’elle a vu son mari à l’aéroport, ce serait la dernière fois qu’elle le verrait pendant un certain temps. Les policiers lui ont remis la bague de mariage et un amulette de son mari, en disant qu’ils étaient “trop précieux”. Nurmehmet lui a crié : “Fais de ton mieux !” avant que les hommes ne disparaissent. Il a été ensuite envoyé au Xinjiang, une région du nord-ouest de la Chine où vivent les Ouïghours, un peuple turc harcelé systématiquement par le régime chinois.
Depuis 2017, le gouvernement chinois a mis en place des centaines de camps de rééducation dans le nord-ouest du pays, présentés comme des centres de formation professionnelle que les gens fréquentent volontairement. Cependant, des documents gouvernementaux révèlent que des ordres de tir à vue ont été donnés dans ces camps, où des centaines de milliers, voire plus d’un million de personnes, ont été temporairement détenues.
Le gouvernement chinois tente désormais de donner l’impression que la situation au Xinjiang est normalisée et que les centres de rééducation ne sont plus nécessaires. Il organise même des visites de propagande pour donner une impression de prospérité économique dans la région. Cependant, la détention de Nurmehmet soulève des inquiétudes quant à la répression étatique sévère à laquelle il pourrait être confronté en tant qu’Ouïghour.