Débat sur la loi sur l’immigration en France
Les sénateurs français ont commencé à débattre lundi d’un projet de loi visant à durcir la législation sur l’immigration, mais des organisations de défense des droits ont critiqué cette mesure comme une menace pour les droits des demandeurs d’asile et autres migrants.
Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré que cette législation “vise à être ferme” sur l’immigration. Le projet de loi vise notamment à “être plus sévère envers les étrangers qui commettent des crimes, en les expulsant tous”, a-t-il déclaré dimanche soir sur la chaîne de télévision France 2.
Le gouvernement a déclaré que cette mesure renforcerait et accélérerait le processus d’expulsion des étrangers considérés comme “une menace sérieuse pour l’ordre public”.
En même temps, Darmanin, considéré comme l’un des membres les plus à droite du gouvernement centriste du président Emmanuel Macron, a déclaré que le projet de loi reconnaît les personnes entrées en France sans autorisation et “qui veulent se régulariser”.
La législation comprend une disposition qui accorderait un statut juridique, sous certaines conditions, aux personnes sans papiers travaillant dans des secteurs spécifiques confrontés à des pénuries de main-d’œuvre.
Le débat au Sénat est la première étape d’un processus législatif qui s’annonce long et difficile. Le projet de loi a déjà été reporté plusieurs fois cette année en raison d’un manque de soutien de la majorité parlementaire.
La chambre haute du Parlement est dominée par les conservateurs qui s’opposent à l’octroi d’un statut juridique aux travailleurs entrés illégalement en France, arguant que cela créerait un “effet d’attraction” encourageant davantage de migrants à venir en France.
Le débat sur le projet de loi devrait également être animé le mois prochain à l’Assemblée nationale, où l’alliance centriste de Macron détient le plus de sièges mais n’a pas la majorité. Le projet de loi nécessiterait les voix des députés conservateurs pour être adopté.
Des dizaines de députés de gauche et de militants des droits de l’homme ont organisé une manifestation lundi devant le Sénat.
Aboubakar Dembele, un militant d’un groupe de travailleurs sans papiers, a déclaré que les migrants apportent beaucoup à l’économie française malgré leur absence de statut légal. Lorsque la pandémie de COVID-19 a éclaté et que de nombreux citoyens travaillaient à distance, “ceux qui allaient travailler étaient principalement des travailleurs sans papiers. Ils sont sortis et ont travaillé malgré les risques de la pandémie”, a-t-il déclaré.