Le président français Emmanuel Macron a cherché à consolider son héritage et à affronter ses adversaires politiques en inaugurant lundi un monument à la langue française au cœur de l’extrême droite. Macron a profité de cette occasion pour s’engager dans un débat sur la guerre culturelle, en soutenant un projet de loi de droite visant à interdire l’utilisation de la “langue inclusive” – une tendance populaire consistant à utiliser à la fois des versions masculine et féminine des mots lors de l’écriture. La France ne doit pas “céder aux tendances à la mode”, a-t-il déclaré lors de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française, quelques heures avant que le Sénat ne débatte de la loi proposée.
Les présidents français modernes aiment les “grands projets” culturels – un monument imposant pour “graver” leur nom dans l’histoire, comme l’a dit l’ancien dirigeant François Mitterrand dans les années 1980. Mitterrand était un bâtisseur de legs passionné et controversé, transformant le musée du Louvre avec une pyramide en verre et érigeant l’immense Opéra Bastille et la Bibliothèque nationale. La pratique est tombée en désuétude au cours de ce siècle, mais a été relancée par Macron, qui avait déjà repéré un château en ruine dans la petite ville de Villers-Cotterêts alors qu’il était encore candidat à la présidence en 2017.
Il a supervisé la rénovation du château Renaissance, achevé en 1539 sous le règne du roi François Ier, et sa transformation en un centre international de la langue française. Il espère attirer 200 000 visiteurs par an dans sa grande bibliothèque (dotée d’un moteur de suggestion assisté par l’IA), ses expositions interactives et ses événements culturels. La France s’inquiète depuis longtemps de l’érosion de sa langue face à l’assaut de l’anglais, avec son Académie française centenaire qui s’offusque régulièrement de l’intrusion de phrases telles que “drive-in”, “fashionista” et “hashtag”. Sa dernière crainte est l’impact de la politique de genre inspirée des États-Unis. Le projet de loi en cours de débat au Sénat lundi interdirait une telle formulation dans l’éducation et tous les textes officiels.