Macron jongle avec la contestation policière et l’état de droit

Le président français Emmanuel Macron a refusé de condamner les plus hauts responsables de la police du pays pour avoir semblé suggérer que les agents étaient au-dessus de la loi, cherchant ainsi à éviter les troubles parmi les forces de sécurité épuisées par les violences de rue répétées. Cependant, les critiques regrettent une occasion manquée de réaffirmer l’autorité de l’État sur une force de police de plus en plus agitée.

Quelques semaines seulement après le meurtre par la police du jeune de 17 ans Nahel M., qui a déclenché d’énormes émeutes à travers la France, le chef de la police nationale a déclenché une nouvelle polémique dimanche en critiquant la décision d’emprisonner un agent dont les actions pendant les troubles font l’objet d’une enquête.

Les remarques controversées du chef de la police nationale, Frédéric Veaux, visaient à éviter une révolte dans la ville du sud de Marseille, où les agents ont organisé une rare grève pour protester contre la décision de la justice de maintenir l’un de leurs collègues en détention.

Le policier emprisonné fait partie des quatre agents placés sous enquête pour avoir prétendument battu un homme de 21 ans d’origine nord-africaine, qui a subi plusieurs interventions chirurgicales et a dû se faire retirer une partie du crâne après ce qu’il a décrit comme une attaque délibérée de la police utilisant un pistolet à balle de LBD.

“Le fait de savoir que (l’agent) est en prison m’empêche de dormir”, a déclaré Veaux dans une interview au quotidien français Le Parisien, après s’être rendu à Marseille pour transmettre un message de soutien aux policiers de la part du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

“En général, je pense qu’avant un éventuel procès, un policier ne devrait pas être en prison, même s’il a pu commettre de graves fautes ou erreurs dans le cadre de son travail”, a ajouté Veaux, des propos soutenus par le chef de la police de Paris Laurent Nunez, le deuxième officier le plus haut gradé de France.

Ces commentaires ont rapidement suscité des réactions parmi les membres de la magistrature, qui ont dénoncé une attaque contre leur indépendance et le principe d’égalité devant la loi. Cécile Mamelin, vice-présidente de l’Union des magistrats, a qualifié les paroles de Veaux de “scandaleuses” et “extrêmement graves dans un État de droit”, tandis que le juge en chef de Marseille, Olivier Leurent, a publié une déclaration appelant à “la retenue afin que la justice puisse poursuivre l’enquête (…) libre de pressions et en toute impartialité”.

Pendant ce temps, l’opposition de gauche a critiqué le gouvernement pour ne pas avoir maîtrisé “une hiérarchie policière qui se place au-dessus de la loi”.

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