Les cyberactivistes d’extrême droite et les commentateurs télévisés ont été accusés par le réalisateur français Mehdi Fikri d’avoir saboté le lancement de son drame sur la violence policière intitulé “Après le feu”, ravivant ainsi les discussions sur l’influence des plateformes de notation en ligne et des commentateurs politisés dans le destin des films. Le slogan du site de divertissement Allociné, surnommé “l’IMDb français” en raison de son statut de plateforme cinématographique de référence en France, invite les spectateurs à être “plus que de simples spectateurs”. Cependant, certains spectateurs ont répondu à cette invitation avec une ferveur maligne, selon la Société des Réalisateurs de Films (SRF), qui a mis en garde contre une campagne concertée menée par des activistes d’extrême droite pour déstabiliser les films qui ne correspondent pas à leur agenda politique.
Cette mise en garde fait suite au lancement raté du premier long métrage de Mehdi Fikri, “Avant que les flammes ne s’éteignent”, qui a reçu une série de notes négatives de la part des utilisateurs d’Allociné avant même sa sortie dans les cinémas français le 15 novembre. Ces notes, associées à des commentaires dénigrants dans certains médias, ont gravement compromis les perspectives du film, selon la SRF, qui dénonce un schéma affectant d’autres films abordant des sujets d’intérêt pour l’extrême droite, notamment l’immigration.
Le film de Fikri “est actuellement la cible d’une violente campagne de diffamation relayée par les réseaux sociaux et CNews, en particulier sur la plateforme Allociné”, a écrit la SRF dans une déclaration le mois dernier, citant une chaîne d’information conservatrice souvent décrite comme le “Fox News français” en raison de son parti pris conservateur et de ses sujets culturels incendiaires. Le réalisateur lui-même a parlé de “raids d’extrême droite” sur Allociné, faisant partie d’une “campagne plus large de harcèlement visant le film”. S’exprimant sur France Inter, Fikri a dénoncé “une stratégie de pouvoir visant à occuper la sphère culturelle, à mener une bataille d’idées et à diffamer les personnes qui tentent d’aborder certains sujets”.
Échos de l’affaire Adama
“Après le feu” raconte la quête de justice d’une femme après la mort mystérieuse de son frère cadet en garde à vue. Situé dans une banlieue périphérique de Strasbourg, il aborde le débat de longue date sur les abus policiers dans les banlieues délabrées de la France, où les personnes d’origine immigrée se plaignent régulièrement d’être traitées comme des citoyens de seconde classe. L’intrigue suscite des comparaisons avec l’affaire médiatisée d’Adama Traoré, un homme noir des banlieues parisiennes décédé en garde à vue en 2016 dans des circonstances encore controversées. Elle est inspirée par le travail de dix ans du réalisateur en tant que journaliste couvrant les troubles sociaux dans les banlieues.
Le film n’a attiré que 18 000 spectateurs la première semaine suivant sa sortie, bien en dessous des attentes dans un pays amateur de cinéma où les 10 films les plus rentables de cette semaine-là ont tous attiré un public de plus de 70 000 personnes. Même avant sa sortie, la bande-annonce du film avait suscité un torrent de commentaires racistes, insultants et menaçants de la part d’utilisateurs anonymes sur Internet, selon son distributeur David Grumbach.