Le parlement français a rejeté lundi un projet de loi phare sur l’immigration du gouvernement du président Emmanuel Macron, ce qui a incité son ministre de l’Intérieur de haut niveau à proposer de démissionner en raison de ce “échec”.
Le Premier ministre Elisabeth Borne devait tenir une réunion d’urgence avec plusieurs ministres et députés lundi soir, après avoir discuté au palais présidentiel de l’Élysée. Macron a rejeté l’offre de démission de Darmanin et lui a demandé “de soumettre des propositions pour avancer en surmontant ce blocage et obtenir une loi efficace”, a déclaré un responsable présidentiel qui a demandé à ne pas être identifié par son nom.
Le texte du projet de loi, initialement proposé par le gouvernement centriste de Macron avec un mélange de mesures visant à expulser davantage de personnes sans papiers et à améliorer l’intégration des migrants, penche clairement en faveur du respect de la loi après son passage au Sénat, contrôlé par la droite.
S’exprimant à l’Assemblée nationale, Darmanin a défendu le projet de loi, qui restreint encore la possibilité pour les migrants de faire venir des membres de leur famille en France, l’attribution de la citoyenneté par le droit du sol et les prestations sociales. Il a exhorté les députés à ne pas se joindre aux forces pour voter sur la motion de rejet présentée par les Verts.
Malgré ses implorations, l’Assemblée nationale a soutenu la motion de rejet du projet de loi par 270 voix contre 265.
Ce mouvement signifie l’interruption de l’examen des quelque 2 600 amendements proposés à la législation. Le projet de loi pourrait maintenant être renvoyé au Sénat, ou le gouvernement pourrait décider de retirer le texte.
“C’est un échec, évidemment”, a déclaré Darmanin à la télévision TF1. “Je veux donner aux policiers, aux gendarmes, aux préfets, aux magistrats les moyens de lutter contre l’immigration irrégulière.”
Il a dénoncé ce qu’il a appelé une “alliance contre nature” de la gauche et de l’extrême droite pour voter contre le projet de loi. Mais Marine Le Pen, figure de l’extrême droite, s’est dite “ravie” du résultat, affirmant qu’il avait “protégé les Français d’une vague migratoire”.
“Cela ressemble à une impasse pour sa loi et donc pour lui”, a déclaré le dirigeant de l’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon à propos de Darmanin.
Dimanche, Macron a déclaré qu’il serait une erreur de restreindre le droit d’asile lors d’une cérémonie marquant le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. “La France conserve sa longue tradition d’accorder l’asile à tous ceux dont les droits sont menacés dans leur propre pays, et nous continuerons à défendre ce droit d’asile”, a-t-il déclaré.
Le projet de loi vise à accélérer les procédures de demande d’asile et à régulariser la situation des travailleurs sans papiers dans les secteurs en pénurie de main-d’œuvre, mais aussi à faciliter l’expulsion des étrangers jugés dangereux. Il introduirait un quota annuel pour le nombre d’arrivées de migrants fixé par le Parlement et supprimerait toute couverture médicale sauf en cas d’urgence pour les personnes sans papiers.