Le gouvernement français a appelé au calme lundi après le meurtre d’un adolescent lors d’une fête de village ce mois-ci, suivi de manifestations violentes de l’extrême droite. La mort du jeune de 16 ans, nommé Thomas, a été exploitée par l’extrême droite qui a présenté le meurtre comme le symbole de conditions de plus en plus précaires dans la société française. Olivier Veran, porte-parole du gouvernement centriste du président Emmanuel Macron, s’est rendu dans le village de Crepol, dans le sud-est de la France, où Thomas a été tué, dans le but de calmer les tensions. La mort de Thomas est “une tragédie qui nous expose au risque d’un basculement de notre société si nous ne sommes pas à la hauteur de la situation”, a-t-il déclaré. “C’est à la justice de rendre justice. Pas au public français lui-même”, a-t-il averti, tout en reconnaissant que la mort de Thomas était le résultat de plus qu’une “simple bagarre lors d’une fête de village”. Environ 100 militants d’extrême droite se sont rendus samedi dans la ville voisine de Romans-sur-Isère, a déclaré une source policière, ajoutant qu’ils cherchaient une bagarre avec des jeunes du quartier de La Monnaie, où beaucoup soupçonnent que les auteurs du meurtre du 19 novembre vivent. Un autre rassemblement d’extrême droite à Romans a été dispersé par la police dimanche.
“Injustice ou rage”
Avec deux douzaines de personnes arrêtées ce week-end en lien avec les manifestations, le procureur Laurent de Caigny a insisté sur le fait que “personne ne peut se faire justice soi-même en dehors de la loi” et a exhorté les gens à laisser les enquêteurs faire leur travail. “Ceux qui s’opposent à cela par une violence illégitime en répondront”, a-t-il ajouté. Six des personnes arrêtées ce week-end ont comparu devant un tribunal accéléré lundi, notamment pour des attaques armées contre la police. Ils ont été condamnés à des peines de six à dix mois de prison. Les hommes, âgés de 18 à 25 ans, ont été interdits de résider dans le département de la Drôme pendant cinq ans et de posséder une arme. “Quand on vient avec des bâtons, on ne vient pas défendre une cause, on vient attaquer”, a déclaré le procureur Vanina Lepaul-Ercole. David Riste, directeur de l’école du garçon, a déclaré aux élèves après une minute de silence en mémoire de Thomas que “après une douleur aussi immense, un sentiment d’injustice ou même de rage peut surgir”. “Nous devons avoir confiance en notre police et notre système judiciaire, et rester unis dans l’adversité”, a-t-il ajouté. Une femme septuagénaire qui était à la danse a déclaré à l’AFP, sous couvert d’anonymat, que ceux qui étaient derrière la violence devaient “être punis, et aucune excuse ne devait être trouvée pour eux”. Des tensions sont à leur comble. Neuf personnes soupçonnées d’être liées à la violence du 19 novembre à Crepol ont été placées sous enquête samedi pour des crimes, dont le meurtre et la tentative de meurtre.