La pauvreté s’aggrave en France et les femmes et les enfants en sont les principales victimes, a averti l’association Secours Catholique dans son rapport annuel, mettant en évidence le poids de l’inflation, de la garde d’enfants et des inégalités de genre persistantes sur les femmes célibataires et les mères. L’association caritative française a publié son enquête annuelle sur la pauvreté en France mardi, affirmant avoir aidé un million de personnes en 2022, contre 780 000 l’année précédente, dans un contexte de crise de l’inflation qui touche particulièrement les ménages à faibles revenus.
Parmi les bénéficiaires, les ménages composés d’un adulte étaient surreprésentés (75%), notamment les mères célibataires (25,7%) et les femmes célibataires (20,9%). Secours Catholique a déclaré que ces résultats reflétaient une augmentation lente mais régulière de la part des femmes vivant dans la pauvreté, qui représentait 57,5% du total en 2022, contre 52% au tournant du siècle.
Jean Merckaert, responsable du plaidoyer de l’association, a souligné plusieurs facteurs expliquant cette augmentation, à commencer par la hausse des ruptures, en particulier des ruptures conjugales, où les femmes ont tendance à payer le prix le plus élevé.
“Dans 9 cas sur 10, lorsque nous parlons de ménages monoparentaux vivant dans la pauvreté, nous parlons de mères dont les maigres revenus et allocations sont insuffisants pour couvrir les frais de garde d’enfants”, a expliqué Merckaert.
Un autre facteur est l’inégalité persistante entre les sexes sur le marché du travail, qui pénalise les femmes tout au long de leur carrière ainsi qu’après leur retraite.
“Les femmes sont plus souvent employées dans des emplois à faible revenu et sont également plus susceptibles de travailler à temps partiel”, a déclaré Merckaert. “Le temps consacré aux enfants et aux tâches ménagères signifie que de nombreuses femmes sont entravées dans leur développement de carrière, et lorsque les couples se séparent, elles se retrouvent avec peu de moyens de subsistance”, a-t-il ajouté.
L’inégalité professionnelle se traduit ensuite par de plus petites pensions, ce qui entraîne une augmentation marquée du nombre de femmes âgées qui ont du mal à joindre les deux bouts à la fin du mois.
Merckaert a cité la légère augmentation de la part des femmes parmi la population immigrée en France comme un autre facteur derrière ce que Secours Catholique décrit comme la “féminisation de la pauvreté”.
“Ce fut particulièrement le cas l’année dernière en raison du grand nombre de personnes fuyant la guerre en Ukraine, dont les trois quarts étaient des femmes, dont beaucoup avec des enfants”, a-t-il expliqué. Les conséquences de la guerre en Ukraine ont pesé lourdement sur les ménages les plus pauvres de France, déclenchant une crise de l’inflation qui a durement touché leur pouvoir d’achat.
Sur la base des données de 49 250 formulaires remplis par les bénéficiaires, Secours Catholique a calculé que leur revenu mensuel médian s’élevait à 538 euros en 2022. Ce montant représente moins de la moitié du seuil de pauvreté, estimé à 1 211 euros l’année dernière. Cela se traduit par un budget quotidien de 18 euros – ou 19 dollars – pour couvrir tous les besoins du ménage.