Les groupes féministes français sont critiqués pour avoir prétendument fermé les yeux sur les violences sexuelles infligées aux femmes israéliennes lors des attaques du 7 octobre par le Hamas, suscitant la colère dirigée contre les organisations de défense des droits ailleurs. Cette accusation témoigne des récits et des loyautés concurrents suscités par le conflit dévastateur. Elle reflète également un manque d’enquête rapide pour établir la nature spécifique et basée sur le genre de certaines des atrocités commises.
Les efforts visant à mettre l’accent sur les violences infligées aux femmes et aux filles israéliennes ont déclenché un incident à Paris la semaine dernière lors de la marche annuelle du 25 novembre pour condamner les violences faites aux femmes, qui a rassemblé environ 80 000 manifestants dans les rues de la capitale française. Un groupe d’environ 200 manifestants, certains portant des drapeaux israéliens, affirme avoir été confronté à des activistes pro-palestiniens et empêché de rejoindre la marche. Les manifestants portaient des vêtements tachés de faux sang, en référence aux images déchirantes de victimes féminines ensanglantées des massacres du 7 octobre, filmées et diffusées en ligne par les auteurs des attaques, au cours desquelles environ 1 200 personnes ont été tuées, la plupart étant des civils.
Les manifestants avaient prévu de “porter la voix des victimes israéliennes du Hamas et de dénoncer le silence assourdissant des groupes féministes”, ont déclaré les activistes cités par le quotidien français Libération. Ils brandissaient des pancartes portant les inscriptions “MeToo, à moins que vous ne soyez juif” et “Féministes, votre silence vous rend complices”.
Les rapports sur l’incident se sont largement répandus sur les réseaux sociaux, alimentant la condamnation générale d’un présumé parti pris parmi les défenseurs des droits des femmes. “Le ‘Nous Toutes’ (l’équivalent français de MeToo) qui est proclamé depuis des années devient un ‘Nous Toutes, à moins que vous ne soyez juif'”, a écrit la journaliste de premier plan Rebecca Amsellem dans un post Instagram, un jour après la marche de Paris. Dans un article, l’auteure Sophie Gourion a déploré les ”deux poids deux mesures” dont se rendraient coupables de nombreuses féministes.
Les ministres du gouvernement et les politiciens de haut niveau sont également intervenus dans la polémique. “On ne choisit pas quelle violence (condamner) en fonction de la nationalité ou du type de conflit”, a déclaré la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Couillard, mettant en garde contre le fait que les subventions de l’État aux groupes de défense étaient conditionnées au respect de “valeurs universelles”. La sénatrice Laurence Rossignol, ancienne ministre des droits des femmes, a parlé d’une “division parmi les féministes, jamais vue auparavant“.
Les organisateurs de la marche de Paris ont répliqué dans une déclaration commune mardi, soulignant leur “condamnation sans équivoque des crimes sexuels et sexistes, des viols et des féminicides commis par le Hamas” le 7 octobre. Ils ont également dénoncé une tentative d'”instrumentaliser” la lutte contre les violences sexistes et ont accusé les activistes d’extrême droite d’attiser les tensions lors de la marche et de chercher à discréditer ses organisateurs.