Le Parti Islam Se-Malaysia (PAS) d’aujourd’hui est différent de celui d’il y a trois ans. À l’époque, il était prêt à négocier avec d’autres partis, y compris d’anciens ennemis, pour être au gouvernement afin de bénéficier du prestige de détenir des fonctions publiques. Actuellement, il revendique davantage de pouvoir en tant que parti ayant le plus de sièges parlementaires. Mais il a choisi de rester dans l’opposition en gardant à l’esprit le grand objectif de prendre les rênes du pouvoir fédéral.
Dans une récente interview avec le magazine Time, le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim a mentionné qu’il était prêt à discuter avec le PAS de sa participation au gouvernement d’unité. Une semaine plus tard, le président et le vice-président du PAS ont rejeté cette offre de main tendue. Certes, ce n’est pas la première fois qu’il rejette l’idée de rejoindre le gouvernement d’unité ; il avait déjà rejeté une offre similaire en juin. Mais ce dernier rejet intervient à un moment où le PAS est à son apogée. Il s’est bien comporté lors des élections générales de novembre 2022 et des six élections régionales en août, remportant respectivement 67 % et 83 % des sièges qu’il a contestés.
Le rejet du PAS d’un rôle dans le gouvernement d’unité pourrait bien signaler son désir renouvelé de renforcer ses forces internes afin de pouvoir gouverner seul à l’avenir. Il existe quelques exemples qui indiquent que c’est la stratégie principale du parti, dont deux ont été explicitement mentionnés lors de son récent congrès du parti le 21 octobre. Premièrement, il accorde plus d’attention à son bilan en matière de gouvernance. Le parti a proposé une coalition lâche des quatre gouvernements d’État sous son administration. Collectivement, le groupe des quatre gouvernements d’État – Kelantan, Terengganu, Kedah et Perlis – compte l’ancien Premier ministre Mahathir Mohamad comme conseiller.
Le PAS comprend que sa proposition de pouvoir fédéral nécessite de persuader les États qu’il ne gouverne pas. Cela impliquerait de tirer parti des ressources collectives des quatre États pour augmenter ses chances. Ces quatre États, dirigés par des bureaucrates et des professionnels (et non des prédicateurs religieux), seraient susceptibles de prêter davantage attention à des politiques réalisables qui pourraient redresser leurs performances économiques médiocres. La volonté du parti de suivre la voie plus longue de prouver son bilan en matière de gouvernance, plutôt que de faire du troc avec d’autres partis, souligne son ambition à long terme de gouverner Putrajaya par lui-même.