À l’approche des élections présidentielles en République démocratique du Congo (RDC) qui auront lieu lundi, le visage des femmes est omniprésent, affiché sur les affiches électorales à travers le pays. Au cours de son mandat de cinq ans, le président Félix Tshisekedi a fait preuve d’un engagement envers les droits des femmes et d’une volonté d’améliorer la représentation féminine en politique, mais il reste encore beaucoup à faire.
Les élections présidentielles en RDC
À quelques jours de l’élection présidentielle en RDC, des clips de campagne sont diffusés en continu sur la Radiodiffusion-télévision nationale congolaise (RTNC), l’émetteur public. L’une des annonces, de la campagne du président Félix Tshisekedi, surnommé familièrement “Fatshi béton”, met en avant l’une de ses mesures phares : les soins de maternité gratuits.
Depuis sa mise en place en septembre 2023, cette mesure commence à produire des effets progressifs dans les hôpitaux publics et les centres de santé. À l’hôpital général de Kinshasa (encore appelé informellement “Hôpital Mama Yemo”, du nom de la mère de l’ancien Président Mobutu), Julie reçoit des soins postnataux après avoir donné naissance à sa fille, Yumi.
“Il s’agit de mon troisième enfant. J’ai eu une césarienne. Pour les deux premiers, j’ai accouché ailleurs et payé 40 000 francs congolais pour le premier, puis 65 000 pour le deuxième (soit 14 € et 22,60 € selon les taux de change actuels)”, raconte Julie. “Je suis satisfaite des soins de maternité gratuits car, cette fois, si on m’avait fait payer la césarienne, j’aurais succombé. Je n’aurais pas pu payer l’opération (un million de francs congolais, soit 340 €)”.
Elle doit encore payer ses analgésiques et les médicaments contre la fièvre de son nouveau-né, mais l’impact du soulagement financier est évident. “Avant la gratuité des accouchements, si vous ne payiez pas, on vous gardait à l’hôpital jusqu’à ce que la facture soit réglée”, précise Julie.
Les femmes et les hôpitaux également
Allongée sur son lit après la naissance de son fils Vainqueur, Pierrette Mayele Moseka fait l’éloge de la politique. “Il s’agit de mon sixième enfant. D’après mon mari, quand je suis arrivée, j’étais en agonie. Nous venions de très loin, et les soins nous ont été immédiatement prodigués à l’hôpital. Nous voterons tous pour le Président Fatshi.”
Malgré ses bâtiments délabrés et son équipement très basique, l’hôpital général de Kinshasa dispose de l’une des meilleures maternités publiques de la ville. Pour les médecins, les soins gratuits prodigués aux mères et à leurs bébés peuvent faire la différence entre la vie et la mort de leurs patientes.
“La mesure nous permet de libérer rapidement les lits. Après deux ou trois jours, les femmes peuvent rentrer chez elles s’il n’y a pas de complications. Cela facilite notre travail”, explique Olenga Manga, l’un des deux internes en médecine, alors qu’il achève son service.
“Souvent, les femmes refusaient les césariennes car elles ne pouvaient se les permettre. Avec le service gratuit, la mortalité maternelle a diminué. Aujourd’hui, nous pouvons intervenir rapidement. Nous ne nous préoccupons plus de savoir si une femme peut payer. La mortalité infantile a également diminué”, poursuit-il en se dirigeant vers la salle de travail encore en plein aménagement.
Progrès ou politique ?
Dans son tout nouvel bureau, le directeur de l’hôpital, le Dr Jean-Paul Divengi, fait également l’éloge de la politique du Président Tshisekedi, mais estime que la responsabilité de faire un usage efficace des fonds incombe ultimement aux prestataires de soins.
En effet, le directeur explique que la politique d’accouchement gratuit n’affecte pas seulement la maternité. “Cela concerne d’autres services : la rééducation fonctionnelle, la réanimation, l’anesthésie, la chirurgie pédiatrique, et aussi la morgue pour les situations malheureuses”, explique Divengi. “C’est un pas significatif en avant pour les femmes mais aussi pour l’hôpital dans son ensemble”.